top of page

PAR TAGS : 

POST RÉCENTS : 

Places sur la scène


© Florian Chaillot


Au XVIIe siècle, les meilleurs places était situées sur la scène. On doit cette pratique à Montdory, chef de la troupe éponyme pour laquelle Corneille écrivit beaucoup. Face au succès que rencontra Le Cid, Montdory eu l’idée de placer des chaises sur la scène, de part et d’autre de l’aire de jeu. Bien évidemment, il vendit ces places au prix fort. Le succès fut immédiat et rapidement tous les théâtres de province le copièrent. Notons que seuls les hommes y étaient admis.

Petit à petit, le nombre de chaises sur la scène se multiplièrent, on en plaça même au fond de la salle. Il pouvait y avoir jusqu’à une centaine de spectateurs autour des comédiens dans les plus grands théâtres.


© Gallica/bnf.fr

Source: Gallica/bnf.fr


Cette disposition posa plusieurs problèmes. D’abord, elle réduisait considérablement l’espace scénique et gênait l’entrée et la sortie des comédiens. Ensuite, les spectateurs de l’époque, beaucoup moins sages que ceux d’aujourd’hui, avaient l’habitude de déplacer les chaises, ce qui obstruait la visibilité des spectateurs dans la salle. Pendant le spectacle, il n’était pas rare de les voir discuter entre eux, se disputer avec le parterre et même interpeller les comédiens pendant qu’ils jouaient.

Pour la petite histoire, on raconte qu’en 1693, alors que la Comédie-Française jouait l’Opéra du Village de Dancourt, le marquis de Sablé, en retard, rejoignit sa chaise sur scène au moment où un comédien récitait les vers suivant :


« En parterre, il brouta nos prés Choux et poireaux seront sablés. »


Persuadé qu’on se moquait de lui, le marquis fut près à en découdre sur scène avec l’auteur.


Pour limiter les débordements, les théâtres remplacèrent les chaises par les banquettes qui ne pouvaient pas être déplacées mais cette solution ne résolut pas tous les problèmes. Il faudra attendre le milieu du XVIIIe siècle pour que le comte de Lauragais, grand amateur de théâtre , réserva pendant un mois toutes les places situées sur la scène de la Comédie-Française afin que les comédiens puissent avoir la scène pour eux. Petit à petit, ces places disparaîtront de tous les théâtres.



Dans la scène d’introduction des Fâcheux, une pièce peu connue de Molière, le dramaturge se moque de ces spectateurs extravagants qui gâchent le spectacle.


ÉRASTE

[...]

J’étais sur le théâtre, en humeur d’écouter

La pièce, qu’à plusieurs j’avais ouï vanter ;

Les acteurs commençaient, chacun prêtait silence,

Lorsque d’un air bruyant, et plein d’extravagance,

Un homme à grands canons est entré brusquement

En criant : "holà-ho, un siège promptement ;"

Et de son grand fracas surprenant l’assemblée,

Dans le plus bel endroit a la pièce troublée.

Hé mon Dieu ! nos Français si souvent redressés,

Ne prendront-ils jamais un air de gens sensés,

Ai-je dit, et faut-il, sur nos défauts extrêmes,

Qu’en théâtre public nous nous jouions nous-mêmes,

Et confirmions ainsi, par des éclats de fous,

Ce que chez nos voisins on dit partout de nous !

Tandis que là-dessus je haussais les épaules,

Les acteurs ont voulu continuer leurs rôles :

Mais l’homme, pour s’asseoir, a fait nouveau fracas,

Et traversant encor le théâtre à grands pas,

Bien que dans les côtés il pût être à son aise,

Au milieu du devant il a planté sa chaise,

Et de son large dos morguant les spectateurs,

Aux trois quarts du parterre a caché les acteurs.


Mots-clés :

bottom of page