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L'Oiseau Vert

Après un franc succès au théâtre national de Toulouse en 2015, Laurent Pelly reprend L’ Oiseau Vert de Carlo Gozzi sur les planches du théâtre de la Porte Saint-Martin.


© Polo Garat


Gozzi est un dramaturge Vénitien du XVIIIe siècle peu connu de nos jours. Virulent conservateur, ses écrits sont pour la plupart des diatribes contre les courants de pensée de son époque et ceux qui les représentent. Indigné face au succès de Goldoni et de ses contemporains qui louaient la modernité du siècle des lumières, il s’essaye au théâtre fiabesque pour dénoncer l’attrait du public pour les épopées des contes fantastiques. Parmi elles se trouve L'Amour des trois oranges (L'Amore delle tre melarance, 1761) et sa suite, L’ Oiseau Vert (L'Augellin Belverde, 1765), qui reprennent les personnages emblématiques de la commedia dell'arte : Truffaldino, Brighella, Tartaglia et Pantalone. Dans cette dernière pièce, le dramaturge a ouvertement dirigé sa critique contre la philosophie des lumières. Il ridiculise et caricature cette doctrine en pointant du doigt l’insensibilité des philosophes, leur manque de modestie et leur incapacité à tenir les préceptes qu’ils soutiennent.

© Polo Garat

Voici l’histoire : Truffaldin et Smeraldine apprennent qu’ils ne sont pas les enfants biologiques du couple de charcutier qui les a élevés. Les deux jeunes gens, par orgueil, vont rejeter les soins de leur mère adoptive et partent à l’aventure, persuadés que la philosophie leur permettra d’affronter tous les dangers. Un ancien penseur transformé en statue veillera sur eux et essayera de les convaincre qu'elle divise les hommes et les rend insensibles.


Le décor est à peine esquissé, il se compose d’une grande page blanche sur laquelle vont évoluer les personnages. Les statues, le village au lointain et la plupart des éléments de mise en scène sont en papier et rappellent les livres pop-up. Le plus étonnant a lieu de chaque côté de la scène : on voit tout au long du spectacle l’équipe de machinistes qui, tel des marionnettistes, joue avec les cordages pour faire évoluer le plateau au rythme des péripéties.




" Truffaldino (le père des orphelins) : ce grand malheur de ne pouvoir être honnêtes et francs avec les riches..."


L'oiseau Vert-Carlo Gozzi




Comme toujours dans la Commedia Dell Arte, les personnages sont caricaturaux. Chacun représente une qualité humaine et ses actions sont guidées par celle-ci. Ainsi, le roi est hystérique, la reine mère est cruelle, la mère des orphelins est aimante, le père est intéressé… La psychologie des personnages n’est pas finement travaillée mais qu’importe, ce genre de pièce n’a pas vocation à sembler réaliste. Le metteur en scène joue beaucoup avec le caractère enfantin de l’histoire et puise ses références dans les dessins animés. Les costumes bouffants et clinquants des riches rappellent les habits des princesses Disney et la perfide reine mère (Marilu Marini) ferait pâlir la sorcière de Blanche Neige.


Même si la critique de la philosophie des lumières paraît aujourd’hui désuète, Laurent Pelly a su redonner un intérêt à L’Oiseau Vert en accentuant le parti pris de Carlo Gozzi consistant à insister sur l’aspect enfantin de l’histoire. La modernité des références et la beauté des décors nous émerveillent et nous fait oublier le pamphlet sous-jacent. Le tout donne un très beau spectacle s’adressant à un public de 7 à 77 ans.


 

1 Place Colette 75001

Du 16 mai 2018 au 24 juin 2018 Du mardi au dimanche à 20h30

de 21€ à 41€

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