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La vie de Galilée

Cet article a été publié le 25 juin 2019.


Un doute indéfectible est-il préférable à une certitude erronée ? C’est la question à laquelle Eric Ruf tente de répondre en mettant en scène La Vie de Galilée de Bertolt Brecht à la Comédie-Française.


© comédie-Française


Cette pièce plus philosophique que scientifique retrace, comme son nom l’indique la vie du célèbre astronome italien du XVIIe siècle et plus particulièrement son combat pour faire accepter ses découvertes scientifiques qui vont à l’encontre des dogmes religieux. On y voit tout le cheminement intellectuel du scientifique génial, de l’observation objective jusqu’à la théorie rationnelle qu’il en déduit. C’est ainsi qu’il découvre que la lune n’est pas une étoile, que sa lumière provient de la réverbération des rayons du soleil et que la terre n’est pas au centre de l’univers. Ce sont ces idées qui, en remettant en question la place de l’homme dans l’univers et en réfutant les théories créationnistes, lui attireront les foudres de l’Eglise.



« Aujourd’hui, 10 janvier 1610, l’humanité inscrit dans son journal : ciel aboli »

La Vie de Galilée, Bertolt Brecht


Trente ans après la mise en scène d’ Antoine Vitez qui permit à cette pièce d’entrer au Répertoire, Eric Ruf se penche à son tour sur ce texte qui s’interroge sur l’importance du scepticisme. Bertolt Brecht montre la nécessité impérieuse du doute comme unique voie pour approcher la vérité. Seulement, douter c’est accepter la finitude de l’homme. C’est constater que nos sens nous trompent et que notre conception du monde peut être erronée, bref, c’est s’aventurer dans l’ignorance. Galilée se trouve face à un problème ; comment combattre des théories obscurantistes avec une arme qui par définition ne convainc pas. Sa réponse sera : par l’éducation !


Il considère que la curiosité est la seule qualité nécessaire à un scientifique. Ainsi, il rejette les langues savantes, s’exprime dans un langage simple et il s’occupe de la formation scientifique du fils de sa servante bien qu’il n’ait aucun niveau d’étude. Le metteur en scène transforme cette scène de cours en passage joyeux et amusant ou un couteau planté dans une pomme permet de comprendre l’héliocentrisme et un jeu de chaise explique pourquoi la lune pourrait ne pas être une étoile. Loin du stéréotype du scientifique acariâtre et solitaire, Hervé Pierre campe un Galilée joyeux et humain qui aime découvrir autant qu’il aime faire découvrir.

© comédie-Française

De la même façon que l’imagination des scientifiques est sollicitée pour transformer une somme d’observations en théorie scientifique, celle des spectateurs est habilement mise en éveille par cette mise en scène. Les machineries les plus complexes sont esquissées par une ombre qui s’active derrière un rideau et le lustre de la salle Richelieu devient une constellation d’étoiles par un ingénieux jeu de lumière.


Les décors voulus par Eric Ruf, qui assure également la scénographie, mettent en valeur tout le talent des ateliers de la Comédie-Française. Ils représentent des détails de toiles religieuses de grands maîtres de la renaissance tel que Rembrandt, Fra Angelico, Caravage, ou Raphaël. Ainsi Galilée semble dominé par la religion omniprésente, jusque dans la recherche scientifique. Ces magnifiques toiles sont sublimées par les délicats costumes imaginés par Christian Lacroix.


© comédie-Française

Cependant, si dans la première partie de la pièce, Galilée va lutter pour faire entendre ses découvertes la deuxième moitié du spectacle pose une question intéressante; jusqu’où doit-on aller pour faire entendre la vérité? Bertolt Brecht dessine un Galilée profondément humain et faillible. Le scientifique épicurien aime la vie et il refuse de tout sacrifier pour la science. Face à la menace de la torture, il cède et accepte d’abandonner ses recherches. Les différents protagonistes interprètent ce geste comme de la lâcheté mais pour Galilée, la vie est plus précieuse que la vérité. D’ailleurs, devenir un martyr de la science, n’est ce par contraire au doute ?


Il sait qu’il ne fait pas le poids face à la puissance religieuse et malgré ses observations qui prouvent ses théories, il préfère ne pas lutter contre une oppression purement politique. Il préférera reprendre discrètement son travail pour le faire publier anonymement à l’étranger, persuadé que, si ses contemporains ne sont pas prêts à accepter la réalité, l’histoire saura lui donner raison !




La vie de Galilée d'après la mise en scène d'Antoine Vitez. Réalisation : Hugo Santiago


 

La vie de Galilée - Comédie-Française

1 place Colette, 75001

du 30 septembre 2019 au 01 janvier 2020 Du lundi au dimanche à 20h30

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