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La Tempête

Costumes blancs et décor blanc, le canadien Robert Carsen, réputé pour ses mises en scène d'opéra et de comédies musicales, s’attelle à La Tempête de Shakespeare à la Comédie Française.



© Vincent Pontet

Quand le rideau s’ouvre, voilà 12 ans que Prospero, le duc de Milan, croupit sur une île inhabitée. Destitué par un coup d’état orchestré par son frère Antonio, il s’est échoué avec sa fille sur une terre enchantée. Lorsque Antonio et ses hommes passent aux abords de l’île, Prospero fait chavirer leur vaisseau avec l’aide de l’esprit Ariel. Les survivants, perdus sur l’île, sont à la merci de Prospero et des présences envoûtantes de l’île.


" Prospero : we are such stuff as dreams are made on and our little life is rounded with a sleep "

(Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est enveloppée dans un somme.) (Acte IV scène I)


Le metteur en scène a fait le pari de la modernité. Tout se passe dans la tête du Duc, l’espace scénique est une boîte blanche dans laquelle sont projetées les hallucinations de Pospero. Tempête sous un crâne ! Les costumes rappellent ceux des malades enfermés en hôpitaux psychiatriques. Les comédiens jouent avec les lumières, et les projecteurs placés au pied de la scène offrent un impressionnant jeu d’ombres sur les murs. (Malheureusement, les spectateurs excentrés perdent un peu de ce spectacle). Ce parti pris permet à Robert Carsen d’aborder des thématiques contemporaines comme par exemple la pollution maritime : un flot de bouteilles en plastique viennent s’échouer sur l’île après l’arrivée d’Antonio et de ses hommes.



© Vincent Pontet

Mais ce choix apporte aussi son lot de défauts. Si les pièces de Shakespeare présentent un savant mélange de registres, La Tempête est avant tout une comédie. Elle a d’ailleurs été jouée lors du mariage de la princesse Élisabeth Stuart et de Frédéric V en février 1613. Les nombreux passages comiques et même potaches sont engloutis par l’atmosphère blafarde. En fait, le parti pris aussi pesant qu’anxiogène empêche tout éclat. Malgré les efforts de la troupe, le rythme de la pièce est bridé par la mise en scène morbide et glaciale. La scène finale, dénouement heureux et plein d’espoir est interprétée avec une solennité telle que la mise en scène semble en désaccord avec le texte.



Malgré lui, Robert Carsen réussit à mettre en avant les comédiens qui contrastent avec ce décor livide. On respire un peu grâce à l’amour pur qui lie la fille de Prospero jouée par Georgia Scalliet et le fils d’Antonio inteprété par Loïc Corbery. Michel Vuillermoz interprète magistralement Prospero qui sombre petit à petit dans la folie. Enfin, on se délecte du jeu de Christophe Montenez dans le rôle d’Ariel, l’esprit feu follet qui dirige les personnages tel un marionnettiste.


© Vincent Pontet


Pour sa première mise en scène théâtrale en France, Robert Carsen est passé à côté de la pièce. L’hyper intellectualisation du texte finit par l’appauvrir. Pourquoi donc vouloir dompter les éléments dans une pièce nommée La Tempête ? Heureusement, les comédiens transcendent cette difficultée. Ils réussissent à nous offrir quelques bons moments par leur jeu et tiennent le coup en attendant des jours meilleurs.

 

La Tempête - Comédie-Française

1 Place Colette 75001

Du 20 février 2018 au 21 mai 2018 Du lundi au dimanche à 20h30

de 7€ à 43€



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