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Les Fourberies de Scapin

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Cet article a été publié le 03 novembre 2017.


Après vingt ans d’absence, Scapin recommence ses fourberies à la Comédie Française sous la direction de Denis Podalydès. Cette mise en scène classique s’inscrit dans la veine de de la Comédie Italienne et du théâtre de tréteaux pour mieux souligner l’énergie et le caractère grotesque du texte.


© Christophe Rayneaud de Lage


Qu'a donc fait Scapin pendant ces 20 dernières années ? Est-il redevenu bagnard ou bien galérien dans un navire turc ? Peu importe, c'est en pleine forme qu'il retrouve la maison de son seul vrai maître, Molière. Pendant près de deux heures, nous retrouvons sur scène un florilège de personnages grand-guignolesques. D'un Géronte (Didier Sandre) vieux loup de mer, bourru, susceptible et violent façon Popeye à un Scapin (Benjamin Lavernhe) plus libre et survolté que jamais. Chacun d'eux est à la fois risible et touchant.

« À vous dire la vérité, il y a peu de choses qui me soient impossibles, quand je m'en veux mêler. J'ai sans doute reçu du Ciel un génie assez beau pour toutes les fabriques de ces gentillesses d'esprit, de ces galanteries ingénieuses, à qui le vulgaire ignorant donne le nom de fourberies ; et je puis dire, sans vanité, qu'on n'a guère vu d'homme qui fût plus habile ouvrier de ressorts et d'intrigues, qui ait acquis plus de gloire que moi dans ce noble métier... »

Molière - Les Fourberies de Scapin

Tout le monde connait Les Fourberies de Scapin, au moins pour la célèbre réplique de la galère, et mettre en scène un texte aussi célèbre est loin d’être évident. En cela, Denis Podalydès remplit parfaitement son contrat. Pour faciliter la connivence avec le public, il réduit la profondeur de la scène de moitié et brise le quatrième mur pour jouer directement avec les spectateurs. Cette mythique scène du sac que le public attendait impatiemment est absolument mémorable. Comme des enfants devant un spectacle de marionnettes, tout le public s'amuse à effrayer Géronte. Nous devenons une armée de Spadassins à sa recherche. Imaginez l'ambiance d'une salle de 862 personnes qui crient "Géronte" et qui imitent des chevaux au trot... Un enfant du premier rang est même invité sur scène pour donner des coups de bâton. Le metteur en scène manie parfaitement la farce, un peu trop peut-être. Si l’on est pointilleux, ce qu’on peut se permettre lorsqu’il s’agit d’une pièce de Molière jouée à la Comédie-Française, on peut tout de même regretter qu’il lise le texte uniquement comme une farce alors qu’il est plus subtil que cela. La pièce cache notamment des réflexions sur la relation père-fils et même sur la religion puisque la scène finale parodie l’extrême-onction.


© Christophe Rayneaud de Lage

Cette ode à la jeunesse écrite en 1671 soit deux ans avant la mort de Molière, marque un tournant dans la bibliographie de l’auteur. Contraint par les travaux dans le théâtre du palais royal qui empêchent tout effet spécial, Molière renoue avec les genres qui lui ont donné le goût du théâtre, celui de la Commedia dell’Arte et de la comédie de tréteaux. Un an après Le Bourgeois Gentilhomme et quelques mois après Psyché, il écrit cette pièce qui n’est ni commandée par le roi ni par la cour et nous offre sa version d’une intrigue populaire mainte fois traitée depuis l’antiquité.

Denis Podalydès connait parfaitement l’histoire de cette pièce et la mise en scène et les décors y font référence ; les échafaudages par exemple rappellent les travaux de la salle du palais royal et la scène, encombrée de grands panneaux de bois, des filets de pêches, d'échelles rouillées et de seaux… ne change pas de décor au cours de la représentation. Dans les mains de Scapin, la grue de pêcheur devient une machine de théâtre au puissant ressort comique et la cale ressemble étrangement au trou du souffleur. Scapin se comporte comme un metteur en scène. Dans ce port maritime, il noue et dénoue le nœud dramatique et manipule chacun pour forcer le fin mot de l’histoire.


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Quand la Comédie Française met à l'affiche ce grand classique de Molière, notre exigence est forcément décuplée. Malgré cela, cette nouvelle adaptation est à la hauteur de nos attentes. Le parti pris des références à la Commedia dell'arte et au théâtre de tréteaux est rondement mené. De l'improvisation à l'intrigue complexe, des rues pavées à la cour du Roi, c'est aussi l'essence même du théâtre que nous montrent les Comédiens du Français. Là est l'héritage de Molière.


 

Les Fourberies de Scapin - Comédie Française

1 Place Colette 75001

Du 09 octobre 2019 au 02 février 2020 Du lundi au dimanche à 20h30

de 7€ à 43€

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