Faisons un rêve
StartFragment Il y a cent ans, Sacha Guitry écrivait Faisons un rêve, une pièce qui deviendra un classique de son répertoire. De nombreuses fois mise en scène et même adaptée au cinéma, elle est actuellement à l'affiche au théâtre de la Madeleine.

Une femme intelligente et malicieuse trompe son mari idiot et bourru avec un homme aux goûts aussi raffinés qu'elle. Un soir, elle profite de l'absence de celui-ci pour rejoindre son amant. Ils s'endorment ensemble. Au réveil, la douceur de la nuit passée s'estompe brutalement pour laisser place à l'amertume de la réalité. Comment peut-elle justifier auprès de son mari toute une nuit d'absence ?
Voici comment on pourrait résumer en quelques mots la pièce de Sacha Guitry. En s'inspirant du triangle amoureux, leitmotiv du théâtre de boulevard, le dramaturge réussit l'exploit d'écrire une pièce inventive et complexe. Les coups de théâtre s'enchaînent et font mouche. Malgré la disparition des télégrammes et des transmissions par pneumatiques, la pièce n'a pas perdu de sa superbe.
Cette mise en scène de Nicolas Briançon est à la hauteur du travail du dramaturge. Le décor, même s'il est un peu suranné, met en relief la différence entre le mari et l'amant. Il représente le salon de ce dernier, richement décoré de peintures aux traits floues. Au cours de la pièce, certaines prennent le visage de la femme aimée, une autre cache un placard secret d'où l'amant va tirer tous les ustensiles nécessaire à la réalisation de ses plans, une dernière sera transformée en table de chevet avant la soirée amoureuse.

Nicolas Briançon qui tient également le rôle de l'amant est aussi à l'aise comme scénographe que comme comédien. Son long seul en scène est excellent. Aussi, le travail sur le personnage du valet de chambre original et loufoque apporte une touche d'humour qui s'harmonise parfaitement avec le reste de la pièce.
Etre marié! ... ça doit être terrible. Je me suis toujours demandé ce qu'on pouvait bien faire avec une femme en dehors de l'amour.
Sacha Guitry - Faisons un rêve
Le dramaturge joue magistralement avec la double énonciation et comme à son habitude, il se moque du mariage et des subtilités de l'amour. Le lyrisme et le raffinement de l'amant ne sont qu'apparences, il se montre impatient et grossier avec celles qu'il ne convoite pas. trompeur trompé, le mari est aveuglé par son propre plaisir. Malgré l'intelligence qu'il a accordé à la femme, Sacha Guitry est fidèle à sa réputation et l'on y retrouve sa misogynie assumée... Cet aspect de la pièce est d'autant plus visible que Nicolas Briançon a retiré le dernier acte ou la femme choisit de mettre un terme à sa relation extra conjugales. Alors que les femmes n'ont cessé depuis cent ans de réclamer leurs droits il est étonnant de voir que l'aura de Sacha Guitry est intacte. Si dehors, le débat sur l'écriture inclusive divise, le public rit des répliques misogynes des personnages.
À bien y réfléchir, le vaudeville n'est peut être pas un genre aussi innocent qu'on le dit...
Faisons un rêve - Théâtre de la Madleine
19 Rue de Surène, 75008 Paris
À partir du 14 septembre 2017 Du mardi au samedi
de 18€ à 49€
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