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L'Ecole des Femmes

26 ans après leur première collaboration et pour la troisième fois dans un spectacle de Molière Stéphane Braunschweig fait jouer Claude Duparfait, son comédien fétiche dans une mise en scène finement travaillée de L’école des Femmes.


© Elizabeth Carecchio


A l’ouverture de rideau, Arnolphe (Claude Duparfait) et son ami Chrysalde (Assane Timbo) pédalent sur leurs vélos d’appartement au beau milieu d’une salle de sport. Le premier révèle au second qu’il est sur le point de se marier avec une jeune fille, Agnès, qu’il a recueillie lorsqu’elle était enfant et qu’il a maintenue depuis dans l’ignorance la plus vaste pour qu’elle ne puisse pas le tromper. Mais, ce qu’il ignore encore, c’est que la jeune femme est tombée amoureuse d’un jeune homme qu’elle voit passer parfois sous la fenêtre de sa chambre et qui lui a fait la cour. Le sentiment qui lie ces deux jeunes gens triomphera de la machinerie du vieil Arnolphe.




« Un air doux et posé, parmi d’autres enfants, M’inspira de l’amour pour elle dès quatre ans. »

L’École des femmes, Molière, Acte I scène 1

L’Ecole des Femmes fait partie de ces grandes pièces de Molière qui sont assez peu jouées. Le dramaturge parfois taxé de misogyne y clame pourtant haut et fort l’importance de l’éducation des femmes et la dangerosité de les maintenir sous le joug masculin. Alors que cette thématique sociétale est on ne peut plus d’actualité, Stéphane Braunschweig a fait le pari de la modernité et place avec succès l’intrigue de la pièce dans le monde d’aujourd’hui. La mise en scène parfaitement pensée met en évidence la prison dans laquelle se trouve Agnès. D’abord, le proscenium constitue la salle de sport. Derrière, une vitre semi transparente délimite la cour de la maison D'arnolphe puis, au lointain, derrière une seconde vitre se trouve la chambre ou se trouve recluse Agnès. Au cours de la pièce, les frontières vont disparaître une à une pour nous laisser accéder à la jeune femme jusqu’à la disparition totale du décor lorsque, forcée d’épouser Arnolphe, pour elle, le monde s’écroule.


© Simon Gosselin


Alors qu’on attend un personnage principal machiste et phallocrate, le jeu maniéré et circonspect de Claude Duparfait déroute. Puis, au fil de l’intrigue, son personnage prend de l'ampleur. Il n’est pas un machiste en mal de pouvoir, d’ailleurs il n’a pas la carrure pour cela ! Il se révèle être un pervers sexuel torturé et névrosé par sa peur et son incompréhension des femmes. Il n’a pas tant enfermé Agnès pour la protéger du monde que pour la rendre inoffensive par l’ignorance.

Suzanne Aubert incarne merveilleusement bien la complexité de cette jeune fille qui ne comprend rien du monde qui l’entoure mais qui ressent par instinct la tragédie qui s'annonce. Elle reprend parfaitement les gestes et les expressions infantiles pour les transformer en symboles morbides et la scène de lecture des Maximes du Mariage laisse éclater tout l’ampleur de son talent.


© Victor Tonelli / Hans Lucas


Stéphane Braunschweig réussi à s’approprier l’actualité pour donner une force nouvelle au texte. En soulignant la dimension tragique du texte, sans pour autant anéantir sa fibre comique, le metteur en scène propose une nouvelle lecture de L’Ecole des Femmes placée sous le signe du vice et de la perversion. Par cette mise en scène, les allusions sexuelles et les ellipses du texte laissent envisager le pire sur ce qu’il se passe derrière ces murs. Stéphane Braunschweig nous livre une lecture aussi fascinante que glaçante de cette grande œuvre de Molière.



 

L'Ecole des Femmes - Odéon-Théâtre de l'Europe

Place de l'Odéon 75006

Du 09 novembre 2018 au 29 décembre 2018 Du mardi au dimanche à 20h00

de 6€ à 40€


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© 2017 Florian Chaillot

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