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Ubu Roi


© Chaillot Florian


Le personnage de Père Ubu, héros lâche, bête et tyrannique de la pièce Ubu Roi d’Alfred Jarry est inspiré de Félix Hébert.


Les premières versions d’Ubu Roi sont écrites à plusieurs mains par des étudiants du lycée Rennes. Ces textes potaches avaient pour objectif de tourner en ridicule Monsieur Hébert, professeur de physique de l’établissement, à travers un personnage nommé P.H pour « Père Hébert ». L’une de ces versions nommée Les Polonais fut écrites par Charles Morin en 1885. Ce jeune dramaturge amateur joue cette pièce avec des marionnettes dans son grenier, accompagné de quelques-uns de ses camarades dont un certain Alfred Jarry.


Une fois leur diplôme en poche, les deux amis poursuivent leurs études à Paris. Alfred Jarry, qui est le seul à croire en ce texte, va s’emparer du manuscrit et réécrire la pièce. Ce contexte d’écriture si particulier et la disparition du manuscrit d’origine ne permettent pas de connaitre l’ampleur des modifications d’Alfred Jarry, il semblerait cependant que celui-ci fut responsable du changement du nom du personnage principal en Père Ubu, « Ubu » étant probablement un mélange de Hébert et de « Œdipe » en référence à Œdipe Roi de Sophocle dont les auteurs se sont librement inspirés. La pièce contient également des références à Shakespeare, notamment dans le thème de la conquête du pouvoir de Père Ubu qui rappelle l’intrigue de Macbeth. Les auteurs ponctuent cette parodie de grossièretés ainsi que de nombreuses allusions sexuelles ou scatologiques. « Merdre », l’une des expressions favorites de Père Ubu fera scandale lors de la première en 1896.


Premières répliques de l’acte I scène 1 d’Ubu Roi d’Alfred Jarry

PERE UBU

Merdre.

MERE UBU

Oh ! voilà du joli, Père Ubu, vous estes un fort grand voyou.

PERE UBU

Que ne vous assom’je, Mère Ubu !

MERE UBU

Ce n’est pas moi, Père Ubu, c’est un autre qu’il faudrait assassiner.

PERE UBU

De par ma chandelle verte, je ne comprends pas.




Le 10 décembre 1896, Alfred Jarry joue son Ubu Roi au théâtre de l’œuvre. La liberté du dramaturge et l’obscénité du texte scandalisent les spectateurs. Jarry connait ce soir-là sa « bataille d’Hernani ». La critique est divisée, l’auteur est autant félicité qu’abhorré. Père Ubu marquera les esprits au point d'ajouter à la langue française l’adjectif « ubuesque ».

Alfred Jarry a eu trop d’avance sur la littérature de son époque, il faudra attendre quarante ans pour qu’Ubu Roi inspire le mouvement absurde. Peu importe, le dramaturge persévère et signe un cycle de drames autour de ce personnage : César-Antechrist (1895) ; Ubu roi, (1896) ; Ubu enchaîné (1899) ; Ubu cocu (1944) ; Ubu sur la butte (1901) ainsi que deux Almanachs du père Ubu en 1899 et 1901.




Critique acerbe d’Ubu roi par un certain Sphinx dans le journal La Caricature du 19 décembre 1896. (Source Gallica.fr/BNF)

© Gallica.fr/BNF

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