Longues figures VS longues oreilles

La pièce qui fit débat en 1951, opposant les « longues figures » aux « longues oreilles » était Le Dindon de Georges Feydeau.
Pour bien comprendre ce débat, il faut savoir que le 3 mars 1951, la Comédie-Française joue pour la première fois un vaudeville dans une de ses grandes salles, il s’agit du Dindon de Georges Feydeau dans une mise en scène de Jean Meyer. (Feu la mère de Madame fut jouée par la troupe dix ans plus tôt mais comme elle était présentée avec deux autres farces, Le médecin volant de Molière et La Farce de maître Pathelin (anonyme), elle évita tout scandale.)
A la sortie du Dindon, les spectateurs sont divisés, il y a ceux qui sont conquis et il y a ceux qui estiment que la Comédie-Française se doit de proposer des pièces didactiques et ne doit pas proposer de simples divertissements.
Amusé par cette querelle, un journaliste du quotidien Combat nomme les spectateurs du premier groupe les « longues oreilles » à cause de l’attention que ces spectateurs ont portés à la pièce et ceux du second les « longues figures » à cause de la mine déconfite qu’ils tirent face aux facéties imaginées par Feydeau.
La pièce connaîtra finalement un succès important et sera exploitées pendant une dizaine d’année.
Notez qu’à cette époque, Feydeau est beaucoup joué sur les scènes des théâtres privé mais, à cause de la légèreté des thèmes abordés, les portes du théâtre public lui sont fermées. Aujourd’hui, il a une telle réputation que de nombreux théâtres privés et publics le mettent à l’affiche lorsqu’ils connaissent une faiblesse budgétaire car ses pièces attirent toujours des spectateurs.
