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Trahisons

Après un vif succès l’an dernier, le Lucernaire remet à l’affiche Trahisons, une pièce de Harold Pinter, lauréat du prix Nobel de littérature en 2005. Cette habile mise en scène signée Christophe Gand met en avant l’aspect tragique de la pièce et la fatalité des aventures amoureuses.

© ALEXANDRE ICOVIC

L’histoire se passe en Grande Bretagne, dans les milieux de l’édition au siècle dernier. Quand le rideau se lève Emma et Jerry sont accoudés à un comptoir. Ils se retrouvent deux ans après leur rupture. Elle est la femme de Robert, éditeur et meilleur ami de Jerry. L’histoire est aussi banale que cela. Dès le premier quart d’heure, on sait tout de l’intrigue. A partir de ce point, le dramaturge nous fait remonter le temps. C'est dans ce renversement temporel que réside toute la force de la pièce. On connaît le dénouement : un échec amoureux, alors on profite complètement du texte et de ses subtilités.

Pas une Comédie de mœurs, pas une tragédie moderne non plus, Trahisons est difficile à classer. Harold Pinter se joue des codes théâtraux pour mettre en valeur la psychologie complexe des personnages. Il faudrait un nouveau mot pour la qualifier. Ainsi, elle serait un "anti-vaudeville". On y retrouve la structure classique du triptyque amoureux mais les règles qui définissent de ce genre-là n’y sont pas. Les amants ne sont pas là pour s’amuser mais pour s’aimer. Ils cherchent à combler un vide affectif et Emma et Robert qui sont à la fois amants et trompés, ne s’en offusquent pas. La pièce est centrée sur le couple adultérin mais la trahison est plus vaste que cela. Elle remet également en jeu l’amitié entre Robert et Jerry. Notez que le titre de la pièce est au pluriel !

© ALEXANDRE ICOVIC

Pour servir le texte où s’entremêlent mensonges insignifiants, non-dits et sous-entendus, les comédiens adoptent un jeu simple et efficace. Malgré la structure temporelle inversée, ils arrivent à restituer les sentiments amoureux des personnages au cours du temps. Soulignons également les ingénieuses ellipses temporelles. Presque en dansant, un quatrième homme transforme le bar en petit studio ou en salon chic grâce à un décor bien pensé. Chacun de ces changements se conclut par un rituel, l’homme tourne la page d’un calendrier pour annoncer au spectateur à quel instant de l’histoire il se trouve.

Sans héros ni victime la pièce présente une situation où chacun cherche à sauver sa peau. Le choix d’une intrigue simple permet au dramaturge de décrire des relations complexes entre les personnages. Les comédiens réussissent à composer avec une structure temporelle particulière et jouent avec les silences dans une atmosphère pesante. La Mise en scène de Christophe Gand apporte une touche de légèreté entre chaque scène sans jamais dénaturer le texte d'Harold Pinter. Une pièce qui mérite son succès.

 

53 rue Notre-Dame des Champs 75006

Du 24 janvier 2018 au 18 mars 2018 Du mardi au samedi à 19h00, le dimanche à 16h00

de 11€ à 26€

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